Bobo le boiteux
Bobo a trois jambes, l’une est de chair et deux sont de bois,
Il clopine dans la rue, tout grognon jusqu’au bar.
Arrivé, il compte ses quelques dollars.
Tout flasque sur son siège, il boit.
Quand un goût d’hécatombe
Le flatte au gésier.
Il se lève et
Tombe.
Il
Ne peut pas
Faire un simple pas
Sans sa jambe, c’est subtil !
Il dégorge là, sur le sol froid
Sa jambe de bois près du siège,
Il reste là, tout farci et pris au piège.
Le patron l’observe avec un regard plein effrois
Et le jette dehors avec son manteau et puis sa canne.
Bobo est dehors, il a froid sur ses deux pilons.
Tout crotté dans son trop vieux pantalon,
Il cherche un bar où saouler son crâne.
Il le trouve et s’enivre encore,
Bobo trinque à ses trois pieds
Plein plus qu’à moitié,
Il s’endort
Là,
Seul.
Et il rêve
Pendant cette trêve
Qu’il court tel un épagneul
En doublant les envieux valides
De ses trois fortes jambes de diamants.
Il s’esclaffe tant il est bienheureux en rêvant
D’une vie où le handicap le rendrait aussi rapide
samedi 26 janvier 2002
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