L'histoire que je vais vous raconter
Est tout bonnement fantastique,
Je dirais même, incroyable !
Moi-même, humble petite pierre, témoin de cette
Histoire, je n'en reviens toujours pas.
Alors accrochez-vous à votre table,
Car je compte bien vous retourner, émoustiller votre émoi...
Mais trêve de bavardage... Ah ! la la !
Je n'en reviens toujours, mais toujours pas !
Oups ! bon allez, il faut que je commence.
Nul doute que cette histoire est une espérance
Pour tous ceux qui ont en leur coeur l'Amour...
Ah ! la la ! je n'en reviens toujours pas...
Il était une fois, un arbre et une rivière,
En lisière d'une forêt, qui depuis longtemps se contemplaient.
L'arbre en était arrivé à aimer passionnément la petite rivière...
~P~
Étrange et à la fois naturel que cet hymen, vous me direz
L'arbre baignant ses racines dans l'eau de son amie
Ne pouvait survivre sans elle
Malgré les vents intempestifs
Malgré les orages agressifs
L'arbre devint fort et robuste
Devait sa vie à son amie
Un jour, il lui demanda s'il elle le trouve joli
Et la rivière lui répondit : " Plus que joli,
Tu es le plus bel arbre que mes eaux ont vu.
Lorsque le soleil permet ton reflet sur moi
Que tu me touches
Je suis la reine de ces bois
Et sur ma couche
Fière comme pas une
De te voir si près là...
~O~
Si près... mais pas encore assez,
Il y a une immensité qui nous sépare,
Et je suis bien triste de le voir,
Cette terre qui reste figée,
Figée comme un mur que même tes racines
Ont bien du mal à percer..."
" Eau rage, eau désespoir ! Je voudrais
Tant et tant pouvoir t'apprendre dans mes bras
Me plonger dans ton lit et m'y bercer,
Oh ma belle, mon esmeralda..."
Pendant que l'arbre et la rivière
Se faisaient des odes empreintes de leur damnation,
Arrivaient au lieu un homme, une femme, des amoureux.
~P~
Elle, était magnifique, avec de longs cheveux de feu
Lui, superbe, carrure athlétique et un visage heureux
Se regardaient en silence, les yeux dans les yeux
Comme le font, du monde, tous les amoureux
D'un geste complice, ils s'assoient sous l'arbre
Ils enlèvent leurs chaussures et glissent leurs pieds dans la rivière
L'arbre n'étant pas de marbre
Devient jaloux à l'instant, car c'est son rêve
Que de caresser sa belle rivière d'aussi près
De se fondre en elle à jamais
~O~
La douce rivière généreuse, partagea, avec les amoureux
Sa fraîcheur, elle n'avait guère le choix - à vrai dire -
Mais elle le fit avec son coeur, même avec grand plaisir,
Elle chatouilla les pieds, laissa ses fruits joyeux les émerveiller..
Lorsque ceux-ci se lancèrent aux cieux,
Enlacés dans leur jeu, elle porta à nouveau attention
À l'arbre vert de jalousie, qui essayait de faire pression
Sur ses racines, pour partager avec sa déesse
Ce dont il avait toujours rêvé...
Celle-ci versa quelques larmes de tristesse,
- Allant même jusqu'à m'éclabousser -
Ses larmes absorbées par la terre,
L'arbre les reçues tels des joyaux, au creux de ses racines.
~P~
Les amoureux ne pensant qu'a leur bonheur
Ne virent rien de la scène
Mais une fée des bois passant par là
Avait entendu le dialogue de l'arbre et de la rivière
Et vit aussi tout ce qui se passa
Depuis l'arrivée des amoureux
Bonne et tendre fée, elle en pleura
Se demandant ce qu'elle pourrait faire pour eux
Un arbre et une rivière amoureux, inusité
Jamais elle n'avait eu à souhaiter, à faire un voeu
Pour un tel cas
Et dans sa tête germa une idée
Que seule peut avoir une fée
~O~
Pendant que les amoureux se contaient fleurette,
La bonne fée fit l'infime honneur - à la petite pierre que je suis -
De sa présence, allant jusqu'à faire d'elle
Une pièce du stratagème qui trottait dans sa tête.
Ainsi, de par sa magie, je fis un tour dans l'air,
M'éleva grâce à la puissance de sa magie
Et mon existence prit tout son sens
Lorsqu'elle me dirigea en leur présence.
Son idée était de récupérer des cellules des deux humains,
Pour les mélanger avec de la sève de l'arbre,
Et avec quelques gouttes de la rivière,
Et y glisser le clone des âmes des amoureux pour une fin
Heureuse... - Moi, la pierre, me voilà avec un coeur tout attendri
À faire mentir l'statement que vous nous prêtez.
Avouez-le, vous faites fi
À mes compagnes et à moi dans votre statement que nous devons supporter
Mais je m'égare -
Reprenons... Je palpitais à cette idée,
M'émerveillais à cette pensée,
Dans l'air une tension s'installait,
Allait jusqu'à m'émoustiller
~P~
La fée astucieuse et jamais en panne d'idées
Me rattrapa et en un tour de baguette magique
Prononça quelques paroles que je ne compris pas
Le miracle tant attendu par nos amoureux désespérés
Soudain se réalisa
Tout à coup, l'arbre devint comme l'humain
Il pouvait sortir de son écorce et se dirigea vers sa rivière tant aimée
Elle, devenue comme femme vint à sa rencontre
Ils se touchèrent de l'âme, de la main
Se fondirent l'un dans l'autre
Pour s'aimer enfin
Tout se dire
Ce que seuls les amants partagent
Et depuis ce temps, dans cette forêt lointaine
D'un autre âge
Il est une rivière et son amant
L'arbre qui ne la quittera jamais
Car elle l'abreuvera de tout temps
~O~
Fin
Je vous laisse deviner si l'histoire dit s'ils eurent de nombreux enfants...
Au revoir de votre petite roc