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Le ciel pleurait. Il pleurait comme une enfant pleure de colère et de crainte. Le pays de Chandra recevait sa tristesse et tenta de le consoler en épongeant ses larmes. La terre était dévastée. Des gens se sont rués dans ce lieu baignant de douleur. Des corps se vident de sang, une odeur de mort embaumait l'air que plus personne n'osera respirer. La nature était dévastée, détruite par les hommes, et tous avaient péri dans cette absurde mêlée de haine.

Dans une vallée de Chandra, dans une vallée du dieu Lune, la haine avait vaincu toutes les âmes, elle était triomphante des cours cupides des hommes. Eshe, le corps fatigué, s'approchait péniblement de la vallée paisible, calme comme la mort. Doucement, son coeur battait, il battait pour vivre et tout découvrir.

Elle s'approchait de la vallée, que l'on nomma autrefois Paiva, en hommage au dieu Soleil. Un corps lui tendait la main. Les yeux tournaient vers le ciel, ils observèrent la jeune fille qui pleurait. Dans ses yeux, elle lut sa souffrance, et tout son être fut giflé par sa douleur, poignardé par la cruauté qui régnait. L'odeur de mort pénétra ses narines, le corps d'Eshe s'affaissa sur le sol. Évanouie, son âme ne répondait plus, incapable de supporter la douleur de tous ces hommes, ces hommes si nombreux, ces hommes qui
avaient tant souffert, ces hommes qu'elle avait créés. De ses hommes, son âme recevait chacune de leurs douleurs.

Un mystérieux chant la fit se réveiller.. 

Floriane Eliot (la.p.tiote@wanadoo.fr)


....tout doucement, comme une mère qui tente de ramener son enfant du pays des rêves. Le chant était beau, la voix était douce; Eshe aurait juré que cette mélodie avait été envoyée spécialement pour soulager son tourment. Elle se releva et observa aux alentours: dans la vallée de Chandra, tout était immobile, inanimé. Eshe était toujours au milieu des cadavres putréfiés de ses hommes et de la nature anéantie, donc le chant ne
pouvait donc parvenir d'un être vivant.

Intriguée, elle décida de reprendre la route afin de suivre cet air magnifique qu'elle entendait, avançant parmi les macchabées et se rappelant de chacun de ses hommes lorsqu'elle arrivait à les reconnaître. La vie de ses hommes et de sa grande nation avait pourtant bien débuté.

Eshe croyait avoir pris les bonnes méthodes et ne pas avoir fait d'erreur, mais un détail lui avait échappé, et tout avait mal tourné, menant la vallée de Chandra et tous les êtres y habitant vers l'anéantissement. Comment ce détail avait-il pu lui filer sous le nez
sans qu'elle s'en aperçoive? La voix mystérieuse chantait toujours et elle s'intensifiait, indiquant à Eshe qu'elle avait pris la bonne direction. Elle devait avoir marché pendant au moins une heure au milieu de la vallée lorsque...

Jean Ruest (jruest@globetrotter.net)


... devant elle, Eshe aperçut des craquelures assez profondes dans le sol. D'étranges fissures, comme si à cet endroit, la nappe phréatique avait carrément changé et qu'un autre type de matière sourdait des entrailles de la Terre. Cette texture cristallisée n'appartenait définitivement pas à la vallée de Chandra.

La pluie continuait pourtant, obstinément tenace et parfaitement inutile puisqu'elle n'irriguait plus rien. En atteignant le sol, elle se dissipait instantanément en vapeurs multicolores, comme des éclats d'arc-en-ciel.

Eshe, saisie par le phénomène, ne remarqua qu'après un bon moment que la voix s'était tue. Plus de chant, aucun son. Que des couleurs qui remontaient dans l'air et un silence lourd et inquiétant. Elle s'interrogea, intriguée, à savoir s'il était possible que ce soit là un effet de radioactivité. Si elle avait échoué dans sa création des hommes, ce qui avait entraîné leur perte, peut-être avait-elle aussi omis certaines composantes relatives à l'environnement ?

Tant d'efforts pour aboutir à de si piteux résultats. Allait-elle devoir tout recommencer, tout reprendre du début ? Indécise, hésitant à poursuivre plus loin sur cette matière qui lui paraissait extrêmement friable, elle opta pour...

Dorothy Leigh (luneverte@videotron.ca)


....se rendre à l'Arbre Sacré. L'esprit en tumulte, elle avance péniblement.

Le temps s'égrène dans la douleur. La pluie persistante lui fouette le visage, lisse ses longs cheveux blonds défaits. Mal habile dans sa robe en lambeaux collée à la peau : laissant deviner ses formes harmonieuses : ses pieds nus se blessent sur les entrailles de la terre. Son sang se mêle à celui de ses hommes, à la pluie, à ses larmes. L'enfant d'Aclill vibre en elle. Les vapeurs multicolores virevoltent autour d'elle. L'horreur, la mort omniprésente l'attirent.

A l'affût du silence oppressant, un frôlement lui fait lever la tête. L'Aigle, les ailes déployées, plane en larges cercles au-dessus d'elle. Les yeux perçants la regardent. Anéantie, Eshe sent une nouvelle force la pénètrer.

L'Arbre Sacré, abandonné par les Druides, se dresse enfin, droit au sommet de la colline ! Il a subi le chaos comme tout alentour. Seul son faîte est encore parsemé d'un feuillage vert, intact. Epuisée, Eshe tombe entre ses racines couvertes d'un tapis brunâtre et gluant. Ses yeux lourds de fatigue, de sommeil et de larmes se ferment. Projetée dans le monde des rêves, les gouttes de pluie se transforment en une multitude de papillons. La mélodie revient à ses oreilles. Fuamhnach, qui connaît la magie des Druides lui tend la main. Elle l'entraîne vers la maison où l'attend Midhir assis devant son échiquier qui...

Marie-Antoinette VERNIER (m.a.vernier@wanadoo.fr)


....luisait de couleurs jaunes et vertes pour les différentes cases. Il avait la tête baissée, comme concentré sur la partie d'échecs qu'il jouait avec lui-même. Levant lentement son visage, il les aperçut.

-Bienvenue à toi, belle sirène. Il y a longtemps que je t'attendais et grâce à mon fidèle serviteur tu es là maintenant tu es là. Tu dois être sûrement désorientée, confuse et perdue. Car sur ton visage, je lis la désolation, la tristesse et les peine perdues de ton
art. Tu voudrais une explication à ton sort mais ton le pays de solitude que tu as parcourus, tu ne trouves pas âme qui puisse te guider ni t'abreuver de quelques sentiment de soulagement. Les Portes de Hasta se sont fermées et te voilà errante comme une vagabonde à la recherche du Miroir de tes origines. Ton sang coule de
mille feux et ton esprit divague. Viens assis-toi. Je vais te donner la clé de ton histoire mais à une condition, que tu ne caches jamais ton visage de tes deux mains quoique que tu vois et quoique tu entends...

Bachir Messadia (BACHIR.MESSADIA@wanadoo.fr)


Surprise Esche vint s'asseoir sur un siège de granit. Le Joueur d'échec, en face d'elle la regardait de ses yeux perçants. Sur le dolmen, l'échiquier scintillait et parfois lançait des éclairs. L'enfant tressaillit en elle. Esche comprit que quelque chose d'exceptionnel allait se produire et peut-être bouleverser son existence. Peut-être allait-elle avoir accès à un degré de connaissance supérieure? Certes elle avait créé des hommes, mais ceux-ci par leurs sottises s'étaient détruits. Un sentiment qu'elle ne connaissait pas les avaient fait se jeter les uns contre les autres.

Cette vallée de Chandra, d'origine divine, si souvent disputée par le Soleil et la Lune et si chère à son coeur était dévastée, ravagée par des forces mystérieuses. La terre tout entière n'avait pas été épargnée. L'Arbre Sacré lui-même, sur lequel reposait son espérance, avait gravement souffert. Seul , son feuillage sommital se dressait encore sur le ciel immatériel, comme un signe, un relais avec le Cosmos.

Elle-même,qui était-elle? D'où lui venait sa nature, sa puissance? Midhir, vieillard à la longue barbe blanche, se tenait assis derrière le dolmen, par delà la pierre et le temps. Elle avait entendu parler de ce druide légendaire mais ne l'avait jamais rencontré. Ses yeux la fixaient intensément et étrangement un sentiment de paix et de confiance l'envahit.

-- Je vais , lui dit-il, t'initier au Grand Mystère. Le moment est venu. Tu ne dois pas avoir peur. Mais tu vas faire un voyage dangereux et fantastique. Tu as remarqué en venant jusqu'ici des craquelures profondes dans le sol et qu'une autre matière sourdait des entrailles de la terre, comme celle-ci. Le Druide de son gros bâton de chêne sculpté de signes cabalistique frappa le sol qui s'ouvrit et Esche reconnut dans ses profondeurs ces cristaux inconnus qui scintillaient dans l'abîme. Une vapeur irisée s'échappait de la
crevasse mais ne brûlait pas.

-- Le voyage commence par là dit Midrish Suis- moi! A l'instant un arbre surgit, accroché aux parois et tendait ses branches comme une corde. Plus bas des racines enchevêtrées descendaient comme des marches vers l'abîme.

-- L'Arbre Orphique, dit le Druide. Celui-la même qui servit à Orphée pour descendre aux Enfers, mais rassure toi nous n'allons pas dans ces lieux infernaux où Héphaitos garde ses proies Esche suivit le Druide et bientôt ils arrivèrent à une caverne naturelle, haute et large de plusieurs dizaines de mètres et qui se prolongeait très loin dans le rocher, violemment éclairée de stalactites multicolores.

--commençons par le commencement ,dit le Druide. Esche qui es-tu? l'heure est venue de répondre à la question. Aussitôt un Miroir parut, éblouissant.

-- Regarde dit le Druide. Avance! Avance! Plus près. Encore! Esche avança, avança encore et lorsqu'elle fut tout près du Miroir géant , à le toucher, à y pénétrer...

Joseph BOIS-SOULIER (joseph.bois-soulier@wanadoo.fr)


Et la matière miroitante se mit à vibrer ; ces mêmes harmonies anciennes qui la guidaient en Chantra catalaunique, l'enveloppèrent. Le miroir l'engloutit, et elle but ce brouillard, chatoyant aux rythmes primordiaux qui lui contèrent son engendre.

Et la vie en son sein but aussi, le mercure chantant, pu revoir lui aussi, la naissance des DieuHommes. La mémoire du miroir la lui conta en teintes mordorées. Et elle se vit, en ces temps d'avant les légendes, où les Ambacts sculptaient le vide, elle se vit s'encorporer à mesure qu'elle s'exilait de le source-matrice. Par delà les âges, elle ressentit cet ultime déchirement d'écume, atroce et libérateur. Sa conscience de DéesseFemme s'exonda dans la souffrance, dans les hurlements violacés de la matrice.

Elle se vit sur les rives de l'origine, mirant son corps d'ondine, que les Ambacts lui avaient promis éternel. Et l'enfant d'Aclill pleurait en son sein. Elle se vit sur les rives, les cheveux séchant aux rayons du Père, assises au milieu d'autres DieuHommes. Qui es-tu ? semblaient-ils regarder en désir. Comme eux, elle était pour animer une vallée de Tentation. A chaque DieuHomme avait été confiée une vallée de Tentation, pour créer « une vie mortelle, aux sentiments immortels, en un peuple durable » avaient ordonné les Ambacts. « Un jour nous choisirons un de vos peuples et un seul ». Elle se vit comme chaque DieuHomme prendre le chemin de sa vallée, dans son corps de cascade, balbutiant sa splendeur.

Elle se vit ciseler ses mortels, ses Premiers Eveillés, aux amours naïves. Elle revit évoluer son peuple naturel ; elle lui avait seulement appris à comprendre la forêt. Et elle se revit au crépuscule de son peuple, à l'aube de la grande mutilation. C'est alors qu'elle
se sentit le brouillard chatoyant, lui intimer de se conter. Elle comprit que ces vapeurs de miroir, étaient le souffle courroucé des Ambacts. « Je suis Esche, corporée des Ambacts, ciseleuse de la vallée Païva ; depuis vos derniers ordres. Mon peuple de mortels est anéanti. » Instantanément, le brouillard hurla d'éclats aveuglants et se retira, subitement pâle et froid.

Elle était de nouveau devant le miroir, sentant le regard du druide sur ses cheveux tristes. Elle sentait les yeux terribles, incanter des mélopées accusatrices, concentrant les énergies du jugement, sur les inscriptions de sa crosse. Et les runes rougeoyantes
s'apprêtaient à psalmodier la sanction. Pourvu que l'Enfant....

Virgil Wrad (benjisson@yahoo.fr)

....ne garde aucune séquelle de son passage dans le miroir, elle le sentait s'agiter en elle, encore si fragile. « Oh Aclill pourquoi n'es-tu pas là avec moi ? Tu me manques tellement !». Un phénomène curieux se produisit à ce moment-là ; du sceptre du Druide tomba ce qu'il lui sembla être les cailloux qui permettent de statuer sur l'innocence ou la culpabilité d'un condamné.

Pour l'heure, c'était elle l'accusée, et le Druide plaça les trois cailloux aussi incandescents que les runes dans le vase du jugement en pierre noire, et abruptement lui demanda de choisir l'un d'entre eux. Elle était effrayée, de son choix dépendait l'avenir de son peuple, et il lui était impossible de deviner leurs couleurs tellement ils flamboyaient. Si elle choisissait la noire, elle était coupable, la blanche elle était innocente, et si elle prenait la bicolore, elle était en sursis. mais pour combien de temps ?

Midhir la regardait avec colère, elle devait se décider, alors Eshe ferma les yeux faisant confiance en son destin. « Que mon enfant m'inspire » pensa t'elle, en plaçant la main sur son ventre déjà légèrement arrondi. Elle le sentit bouger et cela l'apaisa quelques instants. De son autre main, en tâtonnant, elle sortit une des runes du réceptacle. Elle se décida à rouvrir les yeux, ne voyant plus rien d'autre autour d'elle, elle regarda la pierre qui petit à petit palissait à vue d'oeil, et reprenait une couleur normale. elle était bicolore ! Ce n'était pas ce qu'elle avait espéré mais elle avait au moins une chance, pensa-t-elle.

Quand soudain, tout bascula autour d'elle... Elle se rappela en une fraction de seconde ce que Midhir lui avait dit sous forme d'avertissement, qu'il lui donnerait la clé de son histoire mais à condition qu'elle ouvre toujours les yeux, quoique qu'elle puisse voir ou entendre... Et maintenant, tout avait disparu, le Druide, le miroir, et elle se retrouvait...

Mokonav (mokona@wanado.f)


....entre terre et mer où se mouvait son être, entre sommeil et réveil, rêve de son âme. Sous un ciel porteur de vérité, grave comme l'absence, un espace au bord des souvenirs. Il circulait dans ses veines le désert et le ciel, son regard fracturait l'impensable hasard, ses rêves étaient sculptés sur le temps de l'oubli !

Des débris d'amour dans ses paupières plantées de larmes, pétales éclaboussés. De silence en silence, le vent ranimait le bruit. La douleur de ses paupières s'évanouit dans l'ivresse, sur un brin de vestige, sur la fontaine des mots ensevelis, elle se jeta au milieu
de ses origines, dans un silence à perte de vue, au détour d'une éternité elle vit...

Arlette Février-Muzard  (fevrier.muzard@wanadoo.fr)

Le regard souriant de Chidar, la prêtresse qui lui avait servi de mère nourricière. Ses yeux plein d'étoiles lui envoyaient des ondes d'amour. L'amour qui l'avait bercée,elle Eshe, durant ses premières années. Ses narines frémirent au souvenir des odeurs de son enfance. Miel, fleurs, pin, toutes, elles étaient là. Et la mer omniprésente dans son souvenir, lui emplissait les oreilles de son bruit de ressac.

La chaleur du sable chaud sous ses pieds et la voix tendre de Chidar la plongeait dans un divin bien être. " Ma fille voilà comment l'enfant que tu portes en ton sein doit voir le monde au jour de sa naissance. Le lait coulera de tes seins, et l'amour de ton coeur.
Tu devras le nourrir de ces deux substances en abondance. Ce sont les nourritures essentielles à son accomplissement. Comme moi je te les ai données tu les lui donneras." Les bras de Chidra l'enserraient avec tendresse tout en la berçant.

En un éclair, elle comprit soudain ce qu'elle avait oublié en construisant la vallée de Chandra . C'était l'amour ! Tout n'était donc pas perdu ! Elle pourrait si elle le voulait...

Bénédicte Lepage (sw24478@swing.be )

 

....redonner vie à la vallée du Dieu Lune, à la vallée de Paîva, a l'univers enchanteur qui avait fait partie d'elle... elle, son enfant, l'amour éternel liant Aclill à son âme, pourrait panser les plaies de la terre, d'un coup de coeur transformer les odeurs de putréfaction en un parfum enivrant, envoler les sens au goût sucré, du noir forger les arcs-en-ciel, donner au coeur des être nouveaux, des larmes d'amour, des perles de diamants encrés à l'encre du sang soin...

Le coeur en humilité, elle releva les cieux vers Chidra qui lui sourit et la berça à nouveau... Après un silence de vie, en un soupir de vie, sans aucune parole, Chidra s'éloigna, s'envolant au-delà du visible, vers des hauteurs qu'Eshe ne pouvait encore
atteindre. Elle aurait voulu la retenir, mais elle était impuissante. Au fur et à mesure que la déesse mère s'éloignait, Eshe se sentait de plus en plus lourde. Une voix se fit entendre lorsqu'elle approcha des bras de la mer. Elle cru reconnaître la voix d'Aclill. En son ventre, son amour d'enfant fit quelques bonds, semblant l'avertir d'un quelconque danger. "Tout doux mon coeur, tu n'as aucune raison d'avoir peur"...

La voix se faisait de plus en plus proche. Son coeur restait silencieux, hormis quelques battements tortueux inspirés par l'agitement de son enfant. Une ombre s'approchait d'elle, la voix de plus en plus présente, commençait à s'adresser à elle à l'aide par les ondes intérieur. Elle se mit à frémir, son ventre s'agita. L'oeuvre du mystère qui tentait de s'accomplir en cet instant, ne pouvait être que l'oeuvre d'un démons. Elle ne pouvait croire qu'Aclill lui fasse ressentir des ondes de répulsion...

A cette pensée, un monstre ressemblant trait pour trait à son amour apparu. Elle failli mettre les mains sur son visage, lorsque les paroles de Midhir lui revinrent. Elle ne tenta pas de lutter, mais laissa son coeur s'emplir d'amour, laissa la lumière filtrer de ses profondeurs vers le monde ouvert. La force du cristal reposant en elle, le sang de son univers bouillonnant de chaleur semblait se diffuser à l'infini...

Elle se souvint la leçon des pierres... apprendre à écouter et à communiquer par le coeur... et se laissa abandonner à la compassion éternelle. Tout ne devint qu'un. L'ombre sembla s'évaporer devant les émanations de vapeurs infinie-illuminescentes. Elle s'éveilla à l'or des écrins du soleil naissant, au pieds de l'arbre sacré...

Pascal Lamachère (p.h.l.31@hotmail.fr)



Eshe se leva lentement avec beaucoup de difficulté, et la douleur grandissant entre ses cuisses.

Elle s'étonna du spectacle qui s'ouvrît à ses yeux : Loin là-bas derrière les montagnes, le ciel s'illuminait comme s'il ne l'était jamais été. Une brume légère flottait sur la vallée laissant apparaître à moitié les prairies verdoyantes, où serpentait entre les rochers et les arbustes un ruisseau argenté. Les forêts à moitié voilées par la brume offrait un paysage à la fois mystérieux, féerique, qu'Eshe ne se souviennait pas d'avoir vu auparavant. Quelques vaches broutaient l'herbe tendre du printemps, alors que les quelques maisons semblaient assises le long d'un chemin qui disparaissait dans la forêt. Eshe eut l'impression de franchir le seuil du paradis.

En effet, le temps s'était écoulé de plusieurs années depuis qu'Eshe avait traversé à l'autre côté du mirroir. De ces nuages noires menaçantes s'était déversé une pluie torrentielle sur la vallée morbide. La pluie était tombée sans répit pendant un mois; et de
ces eaux claires et froides la terre s'était nettoyée de saletés. L'inondation qui avait suivi aurait entraîné dans sa course tous les cadavres, les blessés, les odeurs nauséabondes, les misères de ce monde; et du même coup elles fertilisaient la vallée.

Eshe se tînt debout, désorientée, la tête appuyée contre le tronc de l'Arbre. Elle pleura de toutes ses larmes, des pleurs de joie sans doute, ou de regret, personne ne saurait. Mais pour Eshe, ce furent des pleurs d'espoir.

Elle pleura et pleura encore et encore. Ses larmes tombèrent au pied de l'Arbre sacré où pousseraient selon la légende, une plante qui donneront des fleurs bleues pures en forme de clochettes, que l'on nomme aujourd'hui Eshlarmus, larmes d'Eshe; fleurs où dans la tradition ambactique symbolise justement l'espoir, la renaissance.

Un relent familier mélangé dans l'air matinal de la prairie, réveilla en Eshe les souvenirs de jeunesse profondément enfouis dans sa mémoire. Elle revît ce moment de bonheur avec ses parents et ses frères et soeurs dans la chaleur du foyer.

Encore secouée d'émotion, du bonheur mêlé au regret, Eshe décida de descendre de la colline qu'une main la saisît par les épaules. Elle sursauta et se retourna...

MUM Sam An (msa119@altavista.com)

- Bonjour Eshe!

- Midhir? Que fais-tu ici? Comment m'as-tu retrouvée?

-Le monde n'a pas de secret pour moi, je vais et je viens comme je veux, et aujourd'hui je suis venu te dire qu'il est en ton pouvoir, grâce à cet enfant que tu portes en ton sein et qui va bientôt naître, de sauver à jamais la vallée de Chandra. Toute cette vie qui est apparue devant toi peut disparaître comme elle est venue ou y demeurer et sauver ton peuple.

- Que dois-je faire Midhir? Je n'ai pas parcouru toutes ces embûches, vécu toutes ces souffrances pour voir s'éteindre ma vallée.

-Si tu veux que ton peuple puisse à son tour avoir un jour des souvenirs heureux à se remémorer le moment est venu pour toi de te sacrifier. Avant minuit demain, quand l'enfant sera né, tu devras te rendre au pied de l'arbre sacré et y déposer l'enfant. En le déposant, un faisceau de lumière va éclairer ta vallée, tu devras le suivre en ne te retournant pas et ton peuple sera sauvé.

Eshe tremblante regardait le Druide et songea...

Hélène Lussier (hamiot.lussier@sympatico.ca)


...à son peuple qu'elle avait créé et qui s'était détruit par sa faute, songea à cet être qui grandissait jusqu'alors en son sein, songea à l'avenir de la vallée de Chandra, songea à celui de son enfant.

Elle baissa les yeux.

Elle devait faire un choix, un choix tout aussi horrible qu'impossible. Elle devait choisir entre ses devoir de DieuHomme et son amour de mère, entre son enfant et tout son peuple...

Lorsqu'elle releva les yeux, le druide avait disparu. Elle se retourna et scruta les quatre horizons, mais seul, au-dessus de sa tête, planait un aigle.

Les jours prochains, elle prendrait sa décision...

Peio (pmarques@etud.insa-tlse.fr)

 

Elle enfanta toute seule dans la douleur, 
Répétant les gestes que sa mère lui avait enseignée.
C'était un beau nourrisson encore tout violacé,
Qui se mit à pousser son premier vagissement.
Mais les contractions se poursuivaient,
Eshe se tordait en des douleurs spasmodiques,
Elle reprit sa position accroupie et poussa,
Voilà qu'apparut un second bébé.
Un garçon et une fille, ils allaient assurés
La renaissance de la vallée chérie de Chandra.
Le lendemain elle rejoignit l'Arbre Sacré,
Et sous le feuillage frémissant,
Elle entonna le chant de la nativité.
Elle présenta au quatre points cardinaux
Chacun leur tour les deux enfants
Afin qu'il soient reconnus par Dame Nature...

Michel Berthelin (BERTHELIN-MICHEL@wanadoo.fr)

 

 

 Organisé par Floriane Eliot - 2001

 

 

 


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