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Chapitre 4

 

Les ventricules m'oppressaient. Le coeur battait si vite que j'avais envie de fuir. Cette intensité se tue en silence, lorsque l'image de la foule se refléta en mes yeux, quelque peu endormis. Je tournais la tête vers le compartiment, avec l'impression étrange d'avoir laissé un objet derrière moi, à moins que cela soit une pensée qui ai pris la fuite. Je descendais la marche, et fit mes premiers pas sur le sol bordelais depuis... pfiou... des éternités s'étaient écoulées, mais toujours proche... dans un hier, gravée au fond de moi, cette époque, l'époque de mon adolescence.
J'essayais de regarder s’il n'y avait pas une personne cherchant du regard quelqu'un. Une jeune femme ressemblant à Doucepraline passait devant moi, faisant rejaillir un flux d'adrénaline. Elle ne s'arrêta que dans les bras de membres de sa famille qui venaient de descendre du train.

Finalement, personne ne vint à moi, pas de Doucepraline à l'horizon. Le quais de la gare s'était vidée, je décidais d'allé faire un tour dans le hall d'entrée, puis j'allais visiter les WC pour satisfaire une envie pressante, qui torturait depuis un bon moment déjà mes reins. Je vins ensuite m'asseoir sur un banc, à l'extérieur.

Un vent assez fort soufflait, cheveux faisait onduler, papiers son sillage suivaient. La tête en oraison, je regardais le sol, essayant de m'évader, oublier le froid qui s'insinuait par les pores de la peau dans tout le corps.

Une passante : Vous avez du feu ?

Eric : hein, que... euh, non, désolé, je ne fume pas.

Je levais la tête dans l'espoir que ce soit elle... non. Toujours pas. La passante me rétorqua avec un demi-sourire, que j'avais bien raison, puis continua son chemin.

L'espoir de voir arriver mon amie virtuelle, me teint sur place deux bonnes heures. J'avais commencé à sortir un journal en l'attendant, mais je faisais plus semblant de feuilleter, tout en laissant aller mes pensées. Quand je réalisais qu'elle ne m'avait pas donné d'adresse, de numéro de téléphone, le doute m'assailli... "Elle m'avait peut être observé à la sortie du train pour voir à quoi je ressemblais. Ayant été déçue, pensant qu'on n'aurait aucune affinité, elle avait décidé de repartir... à moins qu'elle n'ai eu peur... quelqu'un l'avait raisonné, elle avait changé d'avis sur les contacts par Internet, et ne voulait plus donner suite"
Comme à l'accoutumée, mes pensées dérivèrent entre le pessimisme "nombriliste" et le pessimisme sur fait d'autrui. J'appelle pessimisme nombriliste, l'apitoiement sur soi, et sur fait d'autrui, quand le mauvais sort intervient, tel qu'un accident... ect... Je l'imaginais maintenant s'être pressée pour me rejoindre, ce qui l'avait conduit à l'hôpital. Je me raisonnais tant bien que mal. Elle avait peut être tout simplement eu un empêchement de dernière minute.

Que pouvais-je faire ?

Un message du destin arriva finalement. Enfin, ce n'était pas vraiment un message, mais je décidais de le prendre comme tel. 

Une voix par l'interphone : Arrivée du train en partance de Paris, vers Toulouse, dans 15 minutes, 15 minutes.

Je pris la décision la plus raisonnable qui s'imposait à moi. Reprendre le train. Je me dépêchais d'allé acheter un billet. La chance n'était qu'à moitié de mon côté, il restait encore des places, mais dans les compartiments fumeurs. Je ne sais trop ce qui pesait le plus, mon coeur ou le sac sur mon dos. Je franchissais le pas de "non-retour", en compostant le billet. Je n'eu pas à attendre sur le quais, le train arrivait. Je laissais descendre le flux de voyageurs, voyageuses, puis montais. Une petite voix entra en moi, comme pour me dire de garder espoir. J'allais m'asseoir à la place indiquait sur mon billet, espérant n'y trouver personne, à côté. Ce qui ne fut pas le cas. Côté couloir, une cigarette à la bouche, assis au fond de son siège, en lisant un journal, je trouvais un vieux monsieur. Il se leva pour me laisser aller prêt de la fenêtre, que je m'empressais d'ouvrir après 
lui avoir demandé si ça ne le dérangeait pas. Je posa ma tête contre celle-ci, et fermis les yeux, essayant de ne pas trop respirer. J'avais l'impression d'être en enfer. J'essayais de concentrer mes pensées sur autre chose.

Au bout de 5 minutes, j'entendis les portes se fermer, sentis les freins des roues se desserrer.


Le train est sur le départ,
Des gens quittent la gare,
Au cœur, évanescentes pensées
Se fondent en montagne dressée

Tenue par l’âme en voyage,
Crayon de songe passe 
Et repasse, dans les paysages
Où le vert de noir boit la tasse

Les arbres et les eaux défilent,
Au lieu où leur reflet persiste
Je reste à regarder sur la piste
Les écrins sortirent de l’écoutille

Une brise de vent frais soufflant
Sur la prairie des sens enchantées,
Un garçon et une petite fille
Retrouve leur rêve hors du temps

Le train depuis très loin est allé,
La fleur de feu petit à petit
S’est assoupie, pour à Dame étoilée
Laisser place, toujours ravie

Assoupie, tenant le crayon de songes,
Contre le temps qui ronge,
L’âme trace au dôme son phare…

Et nous voila reparti vers le point de départ…


Pendant le trajet, les gens me demandèrent de fermer la fenêtre qui faisait entrer beaucoup de bruit. Ce fut une véritable horreur. S’ils avaient été à l'écoute de leur poumon... Encore aujourd'hui, j'ai du mal à comprendre cette déroute collective. Remplacer un mal, par un autre, encore plus traître, que certains pratiquent sciemment, pendant que d'autres n'en prennent vraiment conscience qu'à partir d'un âge avancé... Je conçois le phénomène de société et tout ce qui tourne autour, mais après le mouton de panurge, nous n'avons rien inventé de pire que la recherche de profit, surtout lorsque celle-ci est basée uniquement sur la monnaie. Si la valeur d'un profit, se basait sur l'apport concret, son utilité, psychique et physique, et non pas sur une valeur monétaire, qui nous pousse à conduire encore des voitures à essence ect... la terre et les individus, se sentiraient peut être mieux. Enfin, bref, je fus soulagé quand le contrôleur annonça l'arrivée en gare de Toulouse. Je pris le métro, puis le bus. Ma tête s'était vidée de ses pensées en boucle, je regardais le paysage, les gens, tout en étant ailleurs, dans mon monde. 

De retour chez mes parents, j'allais dans ma chambre, déposais mon sac, mettais un morceau de Téléphone "Je rêvais d'un autre monde" et m'allongeais sur le lit, les yeux fermés.
Une petite larme coula de mes yeux.


Ma larme... 

Je m'agrippe, je m'accroche, 
L'évitant les anicroches, 
Mais je donne trop de sens 
A ce qui croise mon existence, 
Et mes souffrances se cachent 
En des maux silencieux "oubliés", 
Qu'un souffle humide vient réveiller... 

Alors, du creux en trop plein je m'arrache, 
Et je tombe au poids 
Le long d'une rivière, 
Une rivière du ciel, 
Sur un siège sans toit 

Et je puise, j'épuise, 
Je soulage le "vide" intérieur, 
Un intérieur prêt à l'assise, 
Prêt à se remplir de couleurs 

Puis je reviens au creux, 
Je remue, et je glisse, 
Et je tombe, je tombe, 
Etalant aux nues 
Des souffrances en mues 

Puis je tombe, et j'incombe 
Pour mourir au touché des pétales, 
Et je m'étale tout le long, 
Moi, la goutte 
d'essence 
du cristal, 
Cristal 
d'où une 
autre sortira 
au bond... 


Je ne serais jamais le pourquoi, le comment de ce lapin. Et plus aucune nouvelle d'elle ne m'arriva. Sur le tchat, où nous nous étions « rencontré » elle ne se connecterait plus, et ne le ferait plus... ne m'écrirait plus. J'essayais d'aller de l'avant, de prendre d'autres contacts, répondais aux mails. Mais mon impression de solitude ne cessait de grandir. J'avais l'impression de ne plus savoir écrire. A chaque fois que j'écrivais un poème, il me paraissait fade, sans saveur, sûrement par ce qu'il fallait que je fasse violence à mes maux, que je cherchais trop à écrire quelque chose de positif, alors que j’en étais à l'antipode. Je décidais de prendre la plume, et d'écrire sur le papier quelques verres à propos de ma tristesse.


Tristesse gravite au coeur essoufflé
Que faire, quoi faire, je ne sais plus,
Impression d'écrire des stériles vers,
Sans vie, au jour des envies brisées,
Comme un horizon caché ou perdu de vue,
Une route sans circulation, une terre
Sans semence, un soleil sans chaleur,
Une nuit sans lune et sans étoile,
Un arc-en-ciel perdant des couleurs,
Des ailes sans vent, une piste sans bal...


Le lendemain, je me connectais sur un site de discussion. J'observais les conversations. Comme à l'accoutumée des "boeufs" du net gâchaient un peu l'ambiance. J'avais beau me repasser en boucle la citation du film Vanilla Sky que j'étais allé voir le jour même pour m'évader, à propos du miel et du vinaigre (d'ailleurs, soit dit en passant, il y a de trés bons vinaigres), mon avis et mon humeur ne changeait pas. Finalmenent, je m'étais contenté de dire bonjour sans chercher à entamer la conversation. Je ne savais pas trop pourquoi j'étais venu là au bout du compte, enfin si, mais j'avais pas du tout envie de parler. C'était une mauvaise idée, je me sentais encore plus seul.

Quelques temps passèrent... une année plus précisément s'écoula.

La roue du temps avait tourné prêt d'une année, au cours de laquelle je ratais ma dernière année d'étude. Non seulement, le contenu me rebutait quelque peu, mais je n'arrivais plus à écouter en cours. Pendant ceux-ci, je m'adonnais à la poésie, que je mettais parfois en ligne les week-ends, en compagnie de poèmes d'autres personnes. Je n'écrivis aucun poème "extraordinaire", dont la lecture me touche au jour d'aujourd'hui, qui retranscrivait véritablement ce que je ressentais. Mais de ces peau-aimes volés au temps, des quelques proses qui de ma plume s'écoulaient alors que je regardais les autres vivre leur vie, alors que les paroles que j'aurai du capturer s'évaporais à l'antre de mon esprit, un poème m'a suivit, sans "se ternir"...

Le cœur en rêve

Le cœur en rêve, 
S’écument les croyances, 
Reviennent en boucle 
Les films, les brins de séance 
Déposées sur le socle 
Du soldat errant, 
Nourriture des graines de sentiment 

Le cœur en rêve, 
Les mots se perdent, 
Afflux les images 
A l’horizon 
Du rivage 
Où me cœur 
Le bonheur 
D’une création, 
Celle de la vie 
Devant laquelle je frémi 

Le cœur en rêve, 
S’éparpillent les pensées, 
Ailes deviennent de raison sourdes, 
Elle fait valser les nuages 
Par le frisson de son visage, 
Elle est la création 
De ma passion 

Me cœurs en rêve, 
Disparaissent les poids, les échines, 
S’évapore l’océan de souffrance, 
L’esprit devient léger, 
L’âme gagne la liberté 
De son chemin espéré 
Dans la suite du temps 
Et du hors temps 

Le cœur en rêve, 
Passent les saisons, 
Les éternités d’oraison, 
Tombent les murs, 
Reste la nature, 
La passion, 
Les visions, 
Les sensations, 
Les émotions, 
Qui marquent d’une emprunte indélébile 
La vie qui sans cesse dans une valse pétille 

Le cœur en rêve, 
Germent les graines 
D’espérance 
Dépositaire des créances 
De l’Univers 

Le cœur en rêve, 
Je te retrouve dans une trêve, 
Où l’eau, les gondoles, 
Au rythme de la farandole, 
Plantent le décor de Vienne, 
Symbole de la Romance, 
De l’authenticité de l’Amour, 
Où l’atmosphère divine 
Enrobe notre présence 

Le cœur en rêve, 
L’âme plonge dans l’univers 
Du hors temps, 
Où prend source la tendresse, 
La chaleur des caresses, 
Le partage du voile 
De l’Amour, de l’Etoile, 
D’un paradis, 
De la flamme de la vie 
Au destin infini 
Fleurant nos parvis, 
Où nous serons " présent " 
Un jour prochain, 
De nous deux prenant soin. 


Au cours de cette anée, avec Nadia, nous avions conversé surtout par mail. Ses mails étaient très riche. Nous parlions beaucoup de recherche de soi, de quête d'harmonie. Je lui envoyais des poèmes pour qu'elle me donne son avis, et elle m'envoyait aussi des siens. Je vous mets un des premiers qu'elle m'a envoyé, car il symbolise pour moi, le romantisme dans son absolu.

Rien que pour toi 

Du plus profond de mon silence, je t’appelle Es tu là ? 
Que je te vois, te sente, te respire à la foi
Ce silence qui m’inspire quand la parole expire 
Et âme te désire
Vivre en toi, à travers toi
Rit, pleur et sourit 
Cette amour qui vent à la vie
Ce cœur, mon cœur
Qui t’appartiens désormais
Présent éternel que je t‘offre
Prends en soin…………
…il ne sera plus jamais à quelqu’un d’autre

De nadia à Souhil


De mon côté, hormis les poèmes, il m'arrivait de partir dans des délires. J'avais un besoin fou de m'exprimer. Même quand elle ne me répondait pas, j'écrivais, un mail, puis un autre.
Voici un des mails que je lui avais envoyés en exemple :

En ce moment j'aimerai avoir l'illusion d'agir... de faire... mais j'ai la désillusion de subire...
Le premier janvier de cette année, je m'étais dit "Combattons notre destin"... mais quel destin, et pourquoi le changer... maintenant je sais la mise en garde que je m'étais faite... J'aimerai parfois être une souris et me faire oublier... j'aimerai oublier tout ce qui s'est 
passé depuis le début de l'année... me vider l'esprit... Je crois que dans mon cas la seule solution est d'attendre, attendre que les temps changent, attendre que le destin fasse 
son action... Je t'ai fait part de mes tortures, de mes angoisses existentialistes, de mes moments de "folie"... et maintenant je te sollicite encore, j'aimerai que tu me 
parles de toi, de la vie que tu as eu... remonte aussi loin que ta mémoire te le permette... ça me fera une histoire à lire, et une tranche de vie à imaginer... enfin si tu en as le courage... Maintenant voici le début d'un poème que j'ai commencé à écrire, et que je voudrai essayer de faire le plus long possible : 

"Le grain de poussière"

Un jour anodin
De l'écoulement sans fin,
Les étoiles déiques formatrices
Des destins et du cours sidéral,
S'attablèrent à forger les prémices
Du tortueux dédale
D'un grain de poussière
Auquel donner vie elles voulurent.
Echafaudant des plans compliqués,
A demi secret,
Elles décidèrent de le doter
D'une conscience sans voile
Dans la création de leur toile,
Dont le jour, par des filantes, sera fêté...
Ce qui était voulu
Fut...
Sur le monde lunaire,
Naquis la poésie d'un grain de poussière,
Enfermée dans la vie de l'éphémère,
Quêtant l'éternité d'un rêvé Univers,
Espéré d'amour, de sourires,
D'une lumière à saisir.


Pour le début du mail, je devais avoir un peu trop écouté les paroles des chansons de J.J Goldman avant de le rédiger. En ce qui concerne le poème, je crois que j'avais finit par le laisser tomber. Ou tout du moins, je n’en ai pas fait l'histoire que j'avais en tête.

Le jour des résultats sur les diplômés, je ne savais trop comment j’allais annoncer la mauvaise nouvelle à mes parents, à mes proches. Mes camarades de classes, "amis", se disaient qu'il y avait dû y avoir une erreur. L'un d'eux me conseillait de m'accrocher. Mais au fond de moi je savais, et je m'étais éloigné du lieu de la réunion, sans demander mon reste. Côté famille, j'expliquais à mes parents que le diplôme n'avait guère d'importance, et Nadia m'encouragea à faire le point. Bien décidé à m'évader, je pris quelques vacances, au bord de la mer... 


En camping, la plage non loin, je me ressourçais un peu. La journée, je prenais plaisir à lire "les larmes de l'ange" de Carol O'Connell, tout en bronzant, ou en mangeant un beignet. Je n'avais la peau qui bronzait vraiment, et les beignets étaient parfois mélangés aux grains de sable, mais cela n'en gâchait le plaisir. Le soir, j'aimais nager sur le dos, tout en regardant les étoiles. Quel délice ! Je réalisais que je ne l'avais jamais fait. Cela me faisait bizarre à chaque fois. Une soirée, une étoile filante me salua de son bout d'univers. Cela me donna de l'inspiration pour écrire quelques vers :

Ses jambes battaient le rythme 
Des vagues, son esprit faisait l'isthme 
Entre deux infinis... 
La mer lui murmurait ses secrets 
Au tréfonds de la nuit étoilé, 
Se dévoilait le dôme, l'origine de la vie. 

Alors qu'il s'envolait vers les étoiles, 
S'écuma à sa flamme les ondes passées 
De ses chutes, de ses douleurs, 
Pour faire naître en lui le voile 
Des salines, engorgées 
Des poussières de son coeur. 

Se ramassant, se culbutant à son rivage 
Les galets de ses regrets, 
Effleurant de son cristal un funeste présage, 
Le destin des temps avait décidé de jouer 
La carte d'une éphéméride, déposant 
Au dôme une filante, et... dans ses yeux, l'étonnement... 
Il vit à nouveau dans sa palette le vert, 
Sentit une saline faire une route vers 
Son siège... étincelle d'une force... pur sentiment... 


Revenu à la maison, je passais mes journées à "manger" des vidéos, écrire, créer des pages Web. J'aurai aussi voulu sculpter, modeler de mes mains, mais je n'avais les outils, et les matériaux nécessaires, ni l’envie d’allé les chercher. La fin de l'été approchait à grand pas. Puis ce fut l'automne et les fruits de sa saison au sol...

Une "belle" soirée d'automne, mon grand-père mourut... cela faisait plusieurs années qu'il était faible, qu'il se faisait hospitaliser... mais cette année... Début septembre, alors qu'à son "accoutumé" son corps faisait des siennes, je pressentais que c'était le moment où les ombres allaient l'emporter. Avant même son heure n’arrive, j'écrivais un poème. Des proses m'étaient venues, en rapport avec le changement de saison. Les couleurs du ciel me rappelaient un peu ces vacances à la mer. Puis je me suis laissé emporter, me fondant dans les images qui m'habitaient. 

Le roseau sauvage

Nous sentions un au revoir au soleil d'été,
Qui d'un léger sourire nous le rendait.
Le vent avivait la poussière qui émigrerait
Son immobilité dans de nouvelles contrées...

C'était un jour de septembre aux nuages
Rougeâtres, à l'or des braises qui s'assoupissaient...

L'atmosphère était à la quiétude, caressait
Nos âmes de souvenirs. Le long du fleuve, au rivage,
Un roseau sauvage s'apprêtait à rejoindre
La dernière des saisons au sens de certaines raisons.
La terre et l'eau allaient ainsi ouvrir "leur prison"
A bien des membres des différents règnes, libre de rejoindre
De nouveaux horizons, donnant envie de peindre
A nos âmes les tableaux de l'invisible.

Dans un recoin, tapis dans l'ombre du roseau,
Des fourmis semblaient s'être perdues dans l'indicible
Ouvrage mis en place sur les berges depuis la nuit des temps,
A moins que cela ne soit leur indicible reflet dans l'eau.

Semblable au sens d'une légende, la raison du destin
Qui les avaient amenés en cette ombre, les éloignaient du matin...

C'était un jour de septembre aux nuages
Bleu grisonnant, à l'or de la lune qui s'éveillait...

Le temps se rapprochait inexorablement du clivage
De l'été et de l'automne, où dans l'immobilité
Le roseau se reposait. Son ombre devenant nuit,
Des fourmis, après un long soupir de vie, s'étaient enfouies
En la terre, de peur ne pouvoir subsister
Aux dernières lueurs. Le long fleuve qui était dans un confluent,
Semblait vouloir imiter les fourmis, se rapprochant de l'océan.

Le vent commençait à devenir cinglant, faisait trembler
Le roseau. Aux filantes et à la lune il ressemblait
A une canne à sucre qui s'était à demi assoupi.
Non loin, les dernières fourmis s'étaient accroupies
Pour accompagner le paysage mouvant qui se peignait.
L'une d'elles senti les scintillements du roseau qui s'affaiblissait.

Le vent redoublant, exténué par ses pliures, au lieu de se réveiller,
Le roseau se laissa déraciner. Au même instant la lune fut cachée
Par des nuages qui brouillèrent de salines le paysage,
Un éclaire annonça les festivités de l'orage.

Le roseau flottait maintenant librement au vent, et à nous, spectateurs
De ses dernières sèves, il nous apparus que nul élément
Ne pouvait plus avoir d'emprises sur ses heures,
Envolées et encrées dans une autre dimension.

Disparaissant de notre horizon,
Sa fin nous laissa d'étranges sentiments...

C'était un jour de septembre où les nuages sombraient dans le voile
De la nuit, à l'or des âmes qui rejoignaient les étoiles...


Un enterrement digne de ce nom eu lieu, moment où l'on pût faire une grande réunion familiale. L'ambiance fut plutôt bonne, hormis quelques larmes au moment de la crémation. A vrai dire, tout le monde avait déjà commencé à faire son deuil avant l'heure. Ce fut un peu plus douloureux pour ceux qui s'en étaient éloigné ces dernières années, tout en ayant été proche de lui auparavant... et un peu plus encore pour grand-mère, qui se retrouvait "seule". J'avais assez aimé discuter avec les uns et les autres. Je pus faire la connaissance d'un des cousins de ma mère, à l'esprit très ouvert, qui me parla des choses et d'autre, sur les ondes, sur le chemin que nous recherchons. Il était de ceux qui ne négligent pas de saluer un passant, un travailleur de la rue. Il m'avait conseillé d'écrire un peu tous les soirs sur ce que je voulais faire. Je savais que je ne suivrai ce conseil, mais cela me redonna un brin de courage. La chanson qu'un des membres de la famille avait fait mettre à son enterrement "Maintenant je sais... de Jean Gabin" (http://coeurromantique.free.fr/maintenantjesais2.htm) en rajouta à mon état d'esprit sur la recherche intérieur. Dans ma tête, il y avait tantôt l'esprit sage qui prenait la parole, tantôt un procès entre différentes personnes exprimant leur raison. Une de ces voies, me disait qu'il fallait que j'accepte de grandir, d'allé de l'avant, une autre rétorquait qu'il faut certes savoir grandir, arrêter de se poser des questions, mais que pour les hommes de coeur, il fallait que celui-ci suive...

La tête du rêveur 

Mes pensées coulent dans l'huile froide,
Se perdent dans un labyrinthe moite, 
Tombent dans des trous ou restent bloquées 

Mon âme en oraison pour l'instant s'évade 
A la raison du coeur, se mets à écrire hors boîte, 
Sa façon de peindre avec ses mots une réalité 

Les pensées en éclairs continuent de gesticuler, 
Avec les émotions elles aiment courir et se balancer 
Au frisson des cieux dans une larme prête à ruisseler 

Ah ! si je pouvais dormir dans ma tête, 
Je crois bien que je jouerai les plombiers 
Pour que le flux stoppe ses venues, incessantes 

Les petites pierres glisseraient sans arrêtes 
Vers leur destin, fleuriraient au ciel, éclatante, 
Des étoiles, des toiles de lumière aux couleurs de nature... 

Je chanterais l'automne qui arrive en fin, 
Tisserais les feuilles mortes pour livre de poèmes, 
Fonderais aux émotions grisante dans le lin, 
Je me poserais sur la saison des vents et valses 
A demi cotonneuse, où la vie s'enfuie dans la glace, 
Je toucherais l'étincelle de l'extérieur les pieds en ferme... 

Et aussi, si je pouvais dormir dans ma tête, 
Je prendrai à manger l'amour, à boire l'amitié, un lit, une couette, 
J'inviterai ma plus belle pensée, celle qui partagera mon futur, 
Nous au cœur s'enlacerions éternellement au feu de la passion... 

Nous regarderions, réaliserions nos rêves, unissant nos âmes 
Dans notre création, nos cieux posés à l'horizon de l'oriflamme... 
Mais, suis-je bête ! Je dors déjà dans ma tête ! éveillé d'oraison... 

(Poème écrit dans le cadre d'un atelier d'écriture sur http://www.auquotidien.ca)


3 mois passèrent... 

Je finis par reprendre l'écriture de cette histoire, en piochant dans mes souvenirs, retrouvant la verve, l'élan pour la conter, et ce n'est pas finit...

 

(08/09/02) - A suivre...

 

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Arrêtons la Haine!

 

Graphiques par Lucie

Graphisme Lucie Grenier © 2001 - http://www.finfond.net

 

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