Son regard tourné vers l'intérieur, centrée sur ce miracle qu'elle enfante,

Statue sibylline d'une déesse au ventre conquérant, un songe enfin réalisé,

Actrice d'un acte joué depuis des siècles, elle domine la Vie, en Infante.

Elle passe, délicieuse de candeur, sans même comprendre sa grandeur,

Dans son corps habité, l'univers, en entier, joue les apprentis sorciers,

Combien de combinaisons possibles, pour que fragile, éclose la fleur?

Combien d'échecs, de renoncements, pour une seule salve remerciée?

La main, quêteuse d'espoir, étreint ce corps à qui l'amour donne formes;

Messagère sereine de l'alliance entre le défunt passé et la renaissance,

La femme se béatifie, émouvant calice où l'alchimie des êtres est norme,

Elle préserve dans sa matrice oblongue, la semence du monde, son essence.

Un grain de vie minuscule, lové en boule, dans le charnel réceptacle,

Un clair mystère, innocemment assoupi qu'il tarde d'éveiller au monde,

Sous cette peau frêle, gardienne du trésor, le désir d'interroger l'oracle,

L'envie affolante de découvrir, ce doux éphémère que le trouble sonde.

Vient aussi la délivrance, s'efface la souffrance, la vie trouve son chemin,

S'épanouit entre les rives écartelées, s'écoule dans le cri du nouveau-né,

Le sang pulse en détonations grondantes, gonfle la peau parchemin,

Se séparent la mère et sa chair, cicatrice qui ne sera qu'à demi pardonnée.

Elle passe, la démarche conquérante, un bambin pressé sur son sein,

Elle est hier, aujourd'hui et déjà demain, dans ce cycle maternel,

De l'Humanité, elle est le plus fragile et le plus important dessein,

Laissons-la porter aux nues le fruit de ses entrailles, son amour éternel!

(Retrouver tout ses poèmes sur http://expression.free.fr)

Retour