J'ai bâti autant d'édifices

Sur le sable mouvant

Les dunes s'exilent

A force de voyage

Les palmeraies asséchées

Les oasis enlisées

Ne sont que de fougueux mirages

L'un renaît des cendres du lever

Derrière un horizon

En dents de scie

L'autre en pleine agonie

Rend l'âme avec les rayons crépusculaires

De la toile assignée à résidence

Les traits truffés comblent le vide

D'un visage longtemps en migration

Tous ne sont que d'étranges profils

Des esquisses chancelantes

A travers les lianes d'une encre opaque

Je m'en vais de l'éloignement

A la recherche de l'absurde

De la gestation presque mimique

je frôle les écueils émergés

Des fragments en rupture incessante

Je colle les morceaux sanguinolents

D'un ancien rêve sui reste suspendu

Tatoué sur le front d'un simple souvenir

L'échafaudage toujours en déséquilibre

Comme le pilori de la dernière sentence

Quand le corps n'est plus corps

Que la vie n'est qu'une chimère

Une trajectoire médiatisée

Qui se soumet au caprice du temps

Et des autres pseudos jugements

L'angle de la prolifique solitude

Se rétrécit sur le cou de l'heure vagabonde

Et des mains qui crient de l'oisiveté

S'accrochent au vestige de l'instinct

Festin préféré d'un loup - garou

Qui fait don de sa croyance

Lorsque de la nuit lunaire

Exprime le retour de la métamorphose

Mes prières ne sont que des débris

Des stalactites et des stalagmites

Qu'importe la structure haut/bas

Pour une grotte esseulée qui sert de refuge

A une archéologie non exploratrice

D'un alphabet anachronique

D'un aborigène déstabilisé

Où la foi n'est que le pourtour

D'un cadre caché aux visiteurs

Accroché aux murs d'une horloge arrêtée

J'épouse la crainte de toute la paroi

Qui ne fait que couvrir

Un semblant de linceul hiberné

Et l'aventure projetée

Depuis la nuit du temps

N'est que le reflet d'un schéma d'ossature

De mon infatigable errance

Il m'arrive de sourire aux anges

De danser avec mon ombre

Quand un rai fulgurant s'infiltre

Et me convie à valser

A rentrer en transe

Et laisser mon corps s'évaporer...

Je fais traduire l'étanchéité

D'un regard ancré dans le passé

Et le ressusciter avant terme

Dans un accouchement prématuré

Fœtal soubresaut de conservation

Quand le misérable cordon ombilical

Signe encore mon souci permanent

De ces pensées élaborées de l'éclaboussure

Comme un testament scellé à jamais

Je renoue les quelques dés épars

D'un chapelet de mes ancêtres

A qui manque la pièce maîtresse

Et qui ignore la convention de l'enchaînement

Je dis, mais que faire d'une parole mourante?

Qui vit comme ma vie

Et continue mon sillage

Fait partie de mes pérégrinations

Qui vit dans une autre vie

A l'opposé ou en contraste

S'échappe et réfute mes personnages

De ma solitude, du moins grotesque

Mon rôle ne fait que suivre

Une comédie à sens unique

Dans l'axe d'un théâtre ambulant

D'innommables scènes qui visitent la folie

L'unique acteur déambule

Et les rires sans écho

Et les pleurs de nostalgie d'un ermite

Le tout se met la muselière

Du fond de ce remue - méninge

j'entends le froissement imperceptible

Des papiers surchargés de ratures

On applaudit quelque part

A l'écart de l'auditoire

Une caravane qui s'éloigne

Dans le croisement de mon regard

De l'ordre rétabli par la suite

Le rideau du silence tombe

Le couperet magistral

Comme le dernier verdict

D'une certaine diatribe

De mon délirant... MONOLOGUE

 

 

Khenifra (MAROC): Samedi 23 Février 2002

 

Kacem Loubay

 

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