Le vieux totem


C’était il y a longtemps, ici en Alaska,
Une toute petite graine de ce grand cèdre rouge
Un jour froid de grand vent, du sol gelé, germa.
L’été, l’automne, l’hiver, les saisons défilèrent,
La tige du cèdre poussa et les branches s’érigèrent.

Et le temps s’écoula, et le cèdre grandit
Il était maintenant odorant et béni
De tous les animaux qui le prenaient pour nid.
Les aigles, les écureuils et les ours aussi
Etaient tous ses amis,ne vivaient que par lui.

Mais les hommes-indiens avaient vu le grand cèdre
Fièrement dressé, dépassant de dix têtes
Tous ses voisins feuillus et qui n’avaient d’ailleurs
Aucun titre de noblesse et encore moins d’odeur.

Dans ce grand pays blanc où survivre c’est lutter
Seuls les animaux peuvent par leur présence, aider
Les hommes à vivre, mourir et surtout espérer.
C’est pourquoi les totems à cette époque sont nés...

Non il ne mourrait pas le grand cèdre sacré
Quand les hommes-indiens avec leurs haches de pierre
L’abattaient noblement, il allait même renaître
Là, dans la forêt même, là où il était né.

Oui , il allait souffrir, mais c’est pour la bonne cause
Il allait supporter les entailles, la sculpture
Il allait devenir l’emblème d’une culture
On allait l’adorer, et même le supplier
D’expliquer à ces hommes la raison de toute chose.

Il allait devenir sous les coups des ciseaux
L’effigie éternelle de nombreux animaux
Il était le corbeau, messager permanent
De l’existence du monde, de l’écoulement du temps,
Qui portait à lui seul le Monde et l’Univers.

Il était également le splendide épaulard
Cruel, intelligent, fascinant goguenard
La baleine tueuse, mais qui avec les hommes
A jamais a signé un pacte d’amitié
Puisque jusqu’à nos jours elle n’a jamais tué
Un seul d’entre eux, pourtant il lui faut bien manger.

Il allait dans ses veines accueillir également
L’esprit du grand loup gris, noble, intelligent
Le symbole parfait d’une grande liberté
De vie sociale riche et bien organisée.

Mais pourquoi accueillir dans son si noble tronc
Cet oiseau bigarré au nom tonitruant.
Oui, c’est ”l’oiseau tonnerre”,tout de plumes hérissé
Aux yeux vifs et cruels au bec fort, acéré
C’est un oiseau mythique, non il n’existe pas
Mais par ici, les premiers hommes savaient déjà
Que c’est lui qui frappant le ciel de ses éclairs
A créé dans le feu, la glace et le fracas
Cette dernière frontière appelée Alaska.

Ne le confondez pas et le cèdre s’en targue
Avec l’aigle chauve encore appelé pyguarge
Lui, il est bien réel, et vous pouvez le voir
Sur le tronc du totem, oui mais il est illusoire
Alors que tout là-haut aux confins des nuages
Il plane, silencieusement, sentinelle ailée
Guetteur infatigable, défenseur acharné
De son pays natal et de toute sa beauté.

Quelle mort magnifique est celle de ce grand cèdre
Et que sa renaissance est glorieuse et célèbre
Puisqu’encore de nos jours on peut le caresser
Sentir les silhouettes d’animaux déifiés
Lever nos yeux émus vers le haut de son faîte
Et penser à l’osmose des hommes et des bêtes.



© Soizick
francoise.giorgi-claudel@wanadoo.fr


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