L’orthographe
Ah qu’il est difficile d’écrire le moindre texte
Sans qu’un œil pointilleux, dans un mauvais réflexe,
D’un batt’ment de paupière, à tout jamais nous vexe,
En signalant l’oubli d’un accent circonflexe.
Pauvre gentil Roméo écrivant un poème
Evoquant les oiseaux et autres jolis thèmes,
Il écrit avec un accent grave «ô je t’ème !»
A sa belle Juliette qui hurle, crie au blasphème.
Le brave jouvenceau, pourtant fort et viril,
De voir sa jouvencelle le prendre pour un débile,
S’écroule, noyé de larmes, douleur indélébile,
Et met fin, dépité à cette tendre idylle.
Et à cause d’une faute bien bénigne d’orthographe,
Une belle amourette meurt ; et en guise d’épitaphe,
Cupidon a écrit avec son stylographe :
« A bas l’académie ! » Signé d’un autographe.
A la retraite ces vieux barbons vêtus de vert
Qui nous imposent d’écrire les mots à leur manière,
Bannissant fermement et très autoritaires
Le moindre petit écart dans la langue de Molière.
Et quant aux professeurs et autres intégristes
Qui torturent sans vergogne le collégien si triste,
Allergique aux accords, cancre récidiviste,
Ils gagneraient vraiment à être plus fantaisistes.
Et ceux qui nous reprennent avec impertinence
Quand nous nous exprimons avec grandiloquence,
En nous trompant de mot, par simple inadvertance,
De grâce qu’ils nous laissent à nos insuffisances.
Au diable l’orthographe !!! Oui nous, pauvres prolétaires,
Ecrivons notre prose ou bien même quelques vers
Sans nous soucier d’savoir combien il faut de r,
A ces si sympathiques mots de vocabulaire.
Ensemble, il faut lutter contre l’infâme dictature
De ces accords pervers, sournoisement obscurs
Et autre subjonctif et antérieur futur,
Qui nous donnent au cerveau de sérieuses courbatures.
Militons donc pour une écriture phonétique,
Chacun jouant sa gamme, sa petite musique,
Sans craindre le fielleux sourire sarcastique
Du roi de la dictée prêt à lancer ses piques.
Et alors camarades, armés de nos stylos,
Sans complexe et au risque de passer pour des sots,
Ecrivons en français, en verlan, en argot,
En ignorant l’orthographe, ce trop lourd fardeau.
© jean-pierre.georget
jean-pierre.georget@wanadoo.fr
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