Fatalité
Je parcours en trébuchant, aveugle et grotesque Œdipe,
Ces vallons ingrats de syrte inféconde et mercenaire,
Où ma chair veuve et frustrée, tâtonne sans fin.
Et mes pieds infortunés que des griefs heurtent,
Sèment, dans les sables qui les brûlent et les bafouent,
Des clous purulents et rouillés de cors impénitents,
Parmi des rébus de runes et des hiéroglyphes mal lus.
Au bout de mon buste que l’angoisse oppresse,
Mes bras mélancoliques sont démesurément allongés,
Et mes mains dépouillées, qui dégoulinent de doutes,
Tentent en vain d’attraper les basques ou les bretelles
Du temps ensauvagé qui saute et fuit comme un cabri.
Et mes yeux condamnés que le délire affole,
Attendent encore et toujours l’insigne lumière exilée,
Qui s’est envolée un soir comme une colombe.
Et je suis la plaie de cette syrte décadente et damnée
Où mes remords errent comme des caravanes perdues,
Et je suis la plaie de cette syrte triste que la glace fige,
Que cingle le sirocco, que le soleil rissole ;
Et mes courages qui fondent comme des corolles,
Escaladent, simulacres d’Orients sans fin ballottés,
La falaise inclément et abrupte des visages clos
Où le crépuscule hisse, sur ses ignobles créneaux,
Des aigles sanguinaires qui me déchirent;
Et mes lassos inhabiles, sans cesse relancés,
N’accrochent, hélas ! que des parois de rires lisses,
Dans ce cœur calciné où les deuils abondent,
Où l’implacable détresse d’Œdipe, tourmente
Un cercueil mal scellé où bâille la mort immonde !
© Ahmed Berrouho
berrouho2001@yahoo.fr
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