© 2000 Bruce DeBoer
La
poursuite du vent
J’étais dans le cocon douillet de mon enfance
Entre mes chers parents aimants et prévenants.
Le ciel chichement offrait sa suffisance.
Nous n’étions pas très riches sans être des manants.
Les cieux pour me combler auraient pu rester bleus,
Me donner plus encore au lieu de me reprendre.
Ils furent gris. Ils furent noirs. Ils furent furieux.
Je subissais l’horreur sans jamais la comprendre.
J’étais encore trop jeune pour m’adresser à Dieu.
Dans les ruines fumantes et les cris des mourants ;
Les horizons perdus de tous mes jours heureux ;
Mon âme maculée du sang de mes parents,
Je n’avais que mes larmes pour exprimer ma peine.
Pour exprimer ma rage aux forces damnées du mal,
Il me fallais connaître la douleur et la haine.
Ainsi me préparer ; Etre un homme animal.
Ramasser le fusil qu’a délaissé mon père.
Reprendre le flambeau qui nous vient d’un autre âge.
Recommencer l’histoire et refaire une guerre.
Un ciel plus ténébreux comme après un naufrage.
Pourquoi recommencer ? Pourquoi hélas !
Recommencer à tuer ?
N’est-ce pas cela la poursuite du vent ?
© Caillot
tolliac1@tiscali.fr
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